• D comme Dom Maudez-René LE COZANNET

    Nous remontons dans notre engin.

    La lettre D va nous conduire en été 1720, dans la commune de Quemperven (22).

    Je suis étonnée d'y voir autant de monde. Pourtant ce n'est pas jour de marché ni jour de fête.

    Ralg me signale quelques personnes, ce sont des gens de ma famille qui demeurent à Langoat, une commune voisine. 

    Je me demande ce qu'elles peuvent faire là, visiblement elles attendent, le regard braqué vers un attelage stationné devant une maison.   

    Je vais me rapprocher afin de connaître la raison de cette attente.

    Je comprends vite qu'en cette fin de juillet 1720, toute la région est en émoi.

    Pierre LE COZANNET et Isabeau, sa soeur viennent de perdre leur frère Maudez-René.

    La notoriété de ce saint homme est telle dans la région que de nombreuses familles sont en pleurs, et celles de Langoat plus encore.

    Dom Maudez-René LE COZANNET est né le 8 décembre 1666 à Langoat, il sera baptisé dès le lendemain comme cela se fait habituellement.

    Pourtant déjà, son baptême marque les esprits car le parrain et la marraine ne sont pas n'importe qui.  

    Il a pour parrain l'Escuyer Maudez François de la Villéon du Boisfeillet, fils aîné du seigneur du Launay-Meur en Langoat,et pour marraine la mère de ce dernier dame Renée de Trolong , dame du Launay-Meur de la Touche.

    Maudez-René est un des 5 enfants de Yves LE COZANNET et de Françoise BODIOU, honorable homme et honorable dame.

    Très tôt, Maudez va se démarquer de ces frères et soeur et c'est avec joie que sa mère le verra entrer dans les ordres.

    Le 16 mai 1693 il est ordonné prêtre.

    Il se consacre entièrement aux pauvres et aux malades de sa paroisse de Quemperven (22).

    La maladie a raison du saint homme en ce 25 juillet 1720, en début de matinée il s'est éteint doucement sans faire de bruit.

    Sa famille, prévenue de la détérioration de sa santé vient d'arriver.  

    Une grande partie de la population de Langoat a fait le déplacement.

    Pierre LE COZANNET, en tant que chef de famille, désire ramener le corps de son frère à Langoat et l'y faire inhumer.

    La population de Langoat le soutient dans cette démarche.

    La dernière demeure du saint homme ne peut être que Langoat, son pays natal.

    Pierre pénètre dans la chambre où repose son jeune frère.

    Ralg et moi le suivons.

    L'heure est grave. L'air est pesant. Tout le monde est sur le qui-vive. 

    Les amis de son frère ne relèvent même pas la tête à son arrivée. Ils poursuivent leurs prières.

    Après s'être recueilli et avoir embrassé la dépouille mortelle de son frère, Pierre s'adresse à eux.

    - Vous connaissez mon intention, je ne vous l'ai jamais cachée. Ma famille et moi désirons faire enterrer notre frère à Langoat, berceau natal des LE COZANNET.

    Le silence se prolonge, puis le plus âgé des hommes, abandonnant à regret sa prière, relève la tête.

    - Je sais qui tu es Pierre LE COZANNET, je respecte le vœu de ta famille mais je dois faire respecter en premier lieu le vœu de mon ami, couché dans ce lit et qui s'apprête pour le plus grand et le plus beau de ses voyages .

    - Vivant, mon frère appartenait à l'Eglise lui répond Pierre, il a consacré sa vie à la cause de Dieu. Aujourd'hui qu'il n'est plus, son corps appartient à sa famille, une sépulture l'attend près de ses père et mère.

    - Pierre, je connaissais le grand respect de mon ami Maudez pour son père et l'amour inconditionnel qu'il portait à celle qui lui a donné le jour répondit l'homme

    - Alors, lui rétorqua Pierre, tu admets que notre demande est légitime ?

    - C'est vrai, constata l'homme, légitime, elle l'est. Mais il a souhaité par testament être inhumé dans le cimetière près de la croix. Par respect pour tes parents défunts, je vais accéder à ta demande, et je vais prier afin que Dom Maudez, mon ami, me pardonne.....Amen

    D comme Dom Maudez-René LE COZANNET

    - Pierre est soulagé, merci, nous emporterons le corps dès la fin des prières.

    Avec respect et ferveur, le cercueil du prêtre mort en odeur de sainteté est bientôt placé sur l'attelage.

    La totalité de la population de Quemperven s'est rassemblée pour un dernier adieu silencieux. Des regards mauvais sont lancés en direction des nombreux habitants de Langoat qui ont fait le déplacement.

    Pierre donne le signal du départ.

    Très lentement, le cortège traverse une grande partie du bourg, dépasse l'église, la moitié du cimetière. Puis, tout à coup, le cortège s'immobilise, le cheval refuse d'avancer. Et rien n'y fera !

    Au bout d'une heure d'efforts pour rien, il faut se rendre à l'évidence. Le cortège n'atteindra jamais Langoat. 

    L'assemblée réalise alors que le cortège s'est immobilisé au niveau de la croix du cimetière. Les femmes se signent, les hommes tombent à genoux.

    Missire Dom Maudez- René LE COZANNET, vient d'imposer à tous sa volonté.

    Son cercueil est déchargé de la charrette puis est enterré près de la Croix. 

    Afin de reprendre notre voyage, nous laissons les habitants de ces deux communes à leurs prières. J'espère en revoir certains à l'occasion de mon escapade à travers le temps.  

     

    ***********************

    Je fais actuellement des recherches afin de savoir si le saint homme de Quemperven a un lien avec la famille de Ronan.

    Source Gallica :   Dom Maudez-René LE COZANNET

    Marielle BATHANY-LE GOFF

     

          

     


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