• G comme Galérien

    Et zut, j'ai encore brisé un verre, c'est le troisième depuis le début de la semaine.

    Je suis d'une maladresse incroyable. Encore heureux que je ne me sois pas blessée. Je récupère délicatement la totalité des éclats de verre. Je vais les porter tout de suite jusqu'au conteneur à verre situé à proximité de de ma résidence afin de m'en débarrasser au plus vite.

    Le temps de passer un gilet et je m’apprête déjà à franchir l’entrée de l'immeuble.

    Je suis stoppée dans mon élan par un homme qui à première vue me semble un peu patibulaire. Je ne suis pas très rassurée .....Pourtant maintenant qu'il vient de m'apercevoir il me semble transformé et beaucoup plus sympathique. 

    "- Me suis demandé combien de vaisselle cassée il allait falloir avant que tu ne sortes de chez toi .

    - Et sonner à ma porte ce n'était pas plus simple ou apparaître comme par magie dans ma cuisine. Je commence à avoir l'habitude...

    - Non, apparaître et disparaître à volonté, je n'ai le droit de le faire que dehors, à l'air libre , pas à l'intérieur des bâtiments. Je sais cela te surprend, c'est en relation avec de vieilles histoires, des peccadilles sans importance. D'ailleurs tu vas pouvoir en juger par toi même car je suis venu te raconter ma vie.

    Je suis Hervé POUHAER, le sosa 584 de Ronan . Je suis né Quemper-Guézennec (22) vers 1703 . Je suis le fils de Michel POUHAER et de Catherine LE BOUIL. 

    Le 7 janvier 1730, j'ai épousé Isabelle LE SEVENNEC. Nous aurons quatre enfants, Jacques, Catherine, Anne et Claudine.   

    Pour nourrir ma famille, jusqu'en 1739 je travaillais comme laboureur . 

    A Versailles , le roi Louis XV ne pense qu'aux préparatifs du futur mariage de Madame sa fille aînée Louise-Elisabeth avec l'infant Philippe d'Espagne, moi je cherche par tous les moyens à éviter que mes enfants ne meurent de faim. 

    Alors qu'à Versailles ce n'est que fêtes et ripailles, je sens monter en moi non pas le désespoir mais la colère. Une colère qui va m'entraîner vers un mauvais coté. Je vais voler. Et bien sûr je vais me faire prendre.

    Le 4 octobre 1739, je suis condamné à cinq ans pour vols par le Parlement de Bretagne.

    Condamné à cinq ans de travaux forcés, je vais rejoindre la fameuse "chaîne de Bretagne". Enchaînés au cou, deux par deux, supportant quinze à vingt kilos de chaînes et devant effectuer une moyenne de vingt kilomètres chaque jour, battus et mal nourris par nos gardiens , une bonne partie de mes camarades ne sont pas arrivés à l'Arsenal de Marseille, ils sont morts en chemin. Moi j'ai résisté, j'ai survécu, ma force je l'ai puisée dans l'espoir de revoir mes enfants et ma femme. Il fallait que je tienne cinq ans. Et j'ai tenu !

    Après plusieurs semaines de marche, je suis arrivé à l'Arsenal le 2 octobre 1740 , j'allais maintenant effectuer ma peine comme rameur sur les galères de sa majesté Louis xv. 

    J'ai enfin vu la fin de ces cinq années, j'ai été libéré à Toulon le 12 janvier 1745. Je pouvais enfin rentrer chez moi.

    De retour à la maison, ma joie fut courte, j'y ai retrouvé mes enfants mais pas mon Isabelle. Mon épouse était décédée depuis déjà 3 ans.

    Dix ans plus tard, le 28 janvier 1755, je vais me remarier avec Marie Jeanne MONFORT. Nous aurons des enfants.

    Je vais mourir le 9 octobre 1766, j'ai 63 ans.  

    Tu vois c'est à cause de mon passé de voleur que je ne peux pas apparaître comme par magie à l'intérieur d'une habitation. Même dans l'arbre des ancêtres il y a des règles à suivre...

    Pense à moi lorsque tu entendras une personne parler de "galère" pour tout et rien, tu sais maintenant ce que sont les vraies galères. 

    Au fait tu ne risques plus de bris de verre maintenant, il fallait bien trouver un prétexte à notre rencontre.

    Au revoir Marielle et peut-être à bientôt"

    Comme nous étions dehors, Hervé s'est dématérialisé.

    Et moi j'ai continué jusqu'au conteneur à verre puis je suis rentrée à la maison, me suis connectée à Amazon pour commander l'ouvrage de André ZYSBERG "Les Galériens : Vies et destins de 60000 forçats sur les galères de France (1680-1748)" 

    forçats

                                                  (La chaîne des forçats)

    ****************

    Hervé POUHAER et Isabelle LE SEVENNEC sont les sosa 584 et 585 de Ronan ( Génération 10- branche paternelle).

     

    Pour en savoir plus sur les galériens :  

     La chaîne des forçats passe à Rennes 

      Page geneawiki

     

    Marielle BATHANY - LE GOFF

    Pour me contacter : marielle.le-goff@wanadoo.fr  


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