• H comme Héros

    Les commémorations du centenaire de la Grande Guerre sont lancées, je viens d'apercevoir deux poilus se recueillir devant le monument aux morts de ma ville.

    La reconstitution des uniformes est parfaite.

    Ils sont presque identiques à celui que portait Fabien LARUE, généalogiste professionnel et généablogueur sur une photo qu'il a publiée sur Twitter. 

    Reconstituer l'uniforme d'un poilu et le porter, quel beau devoir de mémoire !

    Je ne peux pas résister, je décide d'aller les féliciter pour cette belle initiative....

    Et cela les fait bien rire mes poilus !

    "- C'est trop drôle ! Mais Marielle , nous sommes des vrais de vrais ! Plus vrai que nous c'est pas possible ! En direct des tranchées, enfin presque, on a fait un détour par l'arbre familial de Ronan avant d’atterrir ici. 

    - Bon pas la peine de se moquer, la méprise pouvait être possible, tenez regardez mon téléphone, une photo de Fabien, on pourrait vous prendre pour des camarades de régiment voire même des frères.

    - J'ai bien assez d'un frère qui m'accompagne aujourd'hui me répond le plus grand de mes poilus .

    - Non mais rétorque l'autre et quoi encore, dès que je m'éloigne tu paniques comme un enfant sans sa mère.

    - Et si nous passions aux présentations, j'interviens afin de faire cesser la chicane, j'ai compris que vous étiez frères et que nous sommes apparentés.

     - En effet nous sommes frères, le plus grand des poilus vient de prendre la parole, je suis Yves Jean Marie LE GOAZIOU, je suis né à Ploëzal le 29 janvier 1895.

    - Et moi, je suis Hyppolyte Yves Marie , né le 7 novembre 1890 également à  Ploëzal. Nos parents sont Joseph Marie LE GOAZIOU  et Marie Jeanne Joséphine LE GOFF. Ils étaient cultivateurs à Ploëzal. J'avais douze ans lorsque mon père est mort et Yves en avait sept. Maman s'est remariée avec Yves Marie LE DU.

    - Je me souviens de son mariage, nous raconte Yves et de la naissance en 1904 de Jeanne Alexandrine Marie notre petite soeur. Hélas, elle n'aura pas de souvenir de notre mère, car maman est décédée en 1908. Notre petite soeur avait quatre ans , Hyppolyte dix-huit et moi treize. Une fois de plus notre monde s'écroulait.

    - Yves n'avait qu'une idée en tête, me dit son frère, quitter la Bretagne, et pendant un temps il a été domestique à Nonant-Le-Pin dans l'Orne. Moi, je suis resté au pays, certainement que le fait d'avoir un pied déformé ne m'a pas aidé à être aussi aventureux que toi Yves et puis le travail en tant que laboureur ne manquait pas.

    - Puis il y a eu la "Der des Ders", nous avons été emportés dans ce tourbillon de folie, nous ne savions pas ce qui nous attendait. 

    - Suite au décret de mobilisation, j'ai été incorporé le 18 décembre 1914 dans le  70ème Régiment d'infanterie. Un mois avant, le 20 novembre 1914, Hyppolyte était arrivé au 191ème.

    - J'ai appris qu'Yves avait été porté disparu le 9 mai 1915 à Roclincourt (62). J'ai vite compris ce que cela voulait dire, je lui ai survécu un an et demi. J'ai été tué par l'ennemi le 27 décembre 1916 à Rancourt (80).   

     - Hyppo, faut que tu dises à Marielle que tu as eu une décoration, et ben oui Madame, ils lui ont décerné la médaille militaire à notre Hyppo ! 

    - Oui mais à titre posthume et c'était quatre ans après ma mort , au Journal Officiel du 13 novembre 1920.

    - Ben même à titre posthume et un siècle après, moi j'en veux bien de cette médaille, toujours aussi modeste le grand frère Hyppolyte ! Moi c'est en 1921 qu'ils se sont occupés de mon cas mais juste pour que le Tribunal par jugement fixe mon décès à la date du 29 mai 1915. Tu parles que ça me fait une belle jambe !   

    - Vous auriez fait un sacré duo d'humoristes, leur dis-je en me retenant de rire. 

    - Les honneurs c'est pas pour nous... mais si tu pouvais écrire un petit quelque chose sur nous sur ton blog.....quelques mots afin que notre famille se souvienne de qui nous étions. Quelques lignes pour ne pas être totalement oublié.

    - Les héros ne sont jamais oubliés et vous, vous êtes des héros....vous êtes mes héros."

    J'ai bien vu qu'ils avaient les larmes aux yeux, moi aussi d'ailleurs, je savais qu'ils devaient partir, et moi j'avais tellement envie de les retenir encore. 

     Je suis seule devant le monument, et je pense au devoir de mémoire, je pense au billet que je vais écrire, c'est mon devoir de mémoire ....   

    monu

    (Généanet -détail du monuments aux morts de Ploëzal guerre 14/18)

    **********************

    Hyppolyte et Yves LE GOAZIOU sont les petits-fils de Rolland Yves Marie LE GOFF et Jeanne Marie LE DUC 5 (sosa 32 et 33 de Ronan - branche paternelle)

     Le Blog de Fabien LARUE :GENEALECOLE

    Marielle BATHANY - LE GOFF


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