• P comme Prisonnier en Allemagne

    Samedi matin, 9 h 30, il fait soleil mais un peu froid à Saint-Cyr-l'Ecole. Après une semaine de grisaille, le ciel bleu est revenu pour le week-end. 

    Je suis au marché, devant l'étal de mon maraîcher.

    J'hésite. Je n'ai pas encore choisi ce que je vais cuisiner cette semaine.

    Bon, j'ai le temps de réfléchir, il y a au moins dix personnes devant moi dans la file d'attente.

    Le client qui me précède, vient de se tourner vers moi, visiblement décidé à engager la conversation. 

    "Et ben ! et ben! il y en a de la marchandise ! Beaucoup plus que de mon temps ! Je me demande quel goût ça peut avoir tous ces fruits exotiques. Je n'en ai jamais vu au marché de Pontrieux (22). Je comprends que ton choix soit difficile Marielle !"

    Je viens de sursauter en entendant parler de Pontrieux, ville de mes années collège.

    J'accorde un peu plus d'attention au petit monsieur devant moi. Emmitouflé dans une sorte de capote militaire, je devine vite qu'il fait partie de mes visiteurs du mois de novembre.

    Je lui propose de poursuivre notre conversation tout en déambulant entre les différents étals du marché.

    "Marielle, tu as de nouveau à tes côtés un représentant de la famille LE CAER. Je suis Pierre Marie LE CAER, un des frères de ta grand-mère Augustine. 

    Tu as déjà rencontré François Marie à l'occasion de la lettre I. Mon histoire doit te permettre d'écrire pour la lettre P.

    Mais commençons par le début. Je suis né le 16 novembre 1890 à Plouëc. Mes parents étaient Pierre Marie LE CAER et Marie Anne LOZAHIC. Ils ont eu onze enfants.

    Je travaillais comme laboureur.

    Le 9 octobre 1911, j'ai été incorporé comme soldat de 2ème classe  dans le 32ème Régiment d'Infanterie. Le 1er octobre 1913 , je suis passé dans la réserve de l'armée active. Et le 8 novembre 1913, j'étais de retour chez moi à Plouëc.   

    Moins d'un an après j'étais de retour sous l'uniforme. La mobilisation générale venait d'être décrétée. Et pour début août, j'étais au front prêt à me battre.

    Le 21 mars 1915, je passe soldat de 1ère classe, et le 14 mai je suis nommé au grade de caporal. J'étais assez fier de mon parcours.

    Le 8 septembre 1915, l'armée me déclare disparu dans la région de Vienne-le-Château. 

    Heureusement, je ne suis pas mort. Blessé, j'ai été capturé par l'ennemi. Fait prisonnier par les Boches !

    Je pars en captivité en Allemagne pour trois ans. Je passe par plusieurs camps de prisonniers en Rhénanie-du-nord-Westphalie : Munster, Sennelager et Darmstadt. 

    Trois ans de privation et pas que de liberté, mais j'ai résisté, j'ai survécu et enfin le jour de Noël 1918, je suis rapatrié.

    Je vais revoir mon pays, ma région, ma commune, ma famille et ma maison.   

    C'est le plus beau Noël de ma vie !   

    Le 23 septembre 1920, je vais épouser à Plouëc Marie Jeanne LE MOIGNE. Notre premier enfant Yves naîtra en 1923. 

    Je vais vivre jusqu'à l'âge de 65 ans , je meurs le 6 octobre 1956" 

    Nous venons d'achever le tour du marché. Pierre va me laisser terminer mes emplettes, en me faisant promettre d'écrire le billet P dès cet après-midi. Je n'ai plus qu'à obéir à mon grand-oncle caporal ! 

    pierre

    (Pierre Marie LE CAER 1890-1956)

    prisonnier

    (Source : https://grandeguerre.icrc.org/fr/PostCards)

     

    *********************

    Pierre Marie LE CAER est le fils de Pierre Marie LE CAER et d'Anne Marie LOZAHIC, les sosa 26 et 37  de Ronan (branche maternelle)   


  • Commentaires

    1
    Christine Kypreos
    Mardi 20 Novembre 2018 à 18:12

    Je suis avec beaucoup de plaisir tes rubriques concernant tes ancetres grace au site Genealogie en Cote D'Armor sur facebook. C'est tres interressant et touchant. Une cousine eloignee. Christine Kypreos "une petite cousine",

     

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