• T comme Taupier : Alexandre RAOUL

    Je viens de brancher mon fer à repasser, la planche du même nom est déjà dépliée. Avec soin j'étale le vêtement qui va bénéficier d'un premier ourlet thermocollant.

    Je passe le fer et c'est fait ! Je suis contente du résultat.

    "- Non mais ! Céline !  Tu as vu ce que je viens de voir, et elle appelle cela un ourlet ? C'est un sacrilège oui ! Quand je pense que sa mère a fait une école de couture ! Elle aurait pu lui donner des cours ! Voir Marielle pratiquer de la sorte ça me dépasse ! Tu n'es pas d'accord avec moi Céline ?

    - Oh moi tu sais les ourlets, j'en ai trop fait ! et il faut vivre avec son temps. Nous ne sommes plus en 1906 Anne Marie ! Au lieu de te focaliser sur un ourlet, demande à papa de rester près de nous et d'arrêter d'aller faire son curieux dans toutes les pièces de la maison. "

    Surprise d'entendre des voix , je lève la tête de mon ouvrage. Devant moi j'ai deux jeunes femmes et un peu à l'écart, très intéressé par ma collection de DVD, un homme que je comprends être leur père.

     "- Bonjour et bienvenue chez moi, je suppose que vous venez m'aider pour la lettre T. Le sujet doit être d' importance pour faire déplacer trois personnes. 

    La plus jeune des filles, Céline, pouffe de rire. Sa grande soeur lui lance un regard désapprobateur. Puis tout à coup comme sa jeune soeur, est prise d'un fou rire incontrôlable.

    Rire est contagieux, dans les trente secondes qui suivent, je me retrouve pratiquement pliée en deux sur ma planche à repasser.

    Je ne sais même pas pourquoi je ris. Mais mon dieu, que ça fait du bien. 

    "- Mesdames, Mesdames, calmez-vous ! Anne Marie et Céline, je n'en reviens pas, ne pas savoir vous tenir en tant qu'invitées, votre mère serait bien chagrin de votre attitude.

    - Marielle, je suis désolé, je devais venir seul mais Marie Noëlle, mon épouse, souhaitait absolument  que nos filles m’accompagnent. Et je ne comprends toujours pas pourquoi...

    Je m'appelle, Alexandre RAOUL, je suis né le 19 décembre 1844 à Runan. 

    Je suis le fils de Pierre RAOUL et de Marie Yvonne POUHAER.  Nos étions huit enfants, cinq filles et trois garçons.

     Le 24 octobre 1877, j'ai épousé à Runan (22) Marie Noëlle LE MOUHER. J'avais 32 ans et elle 28. Nous avons neuf enfants, cinq garçons et 4 filles. 

    Je suis venu accompagné d' Anne Marie née en 1881 et Céline née en 1889. Mes filles sont couturières. 

    Moi j'ai deux métiers, je suis laboureur mais je suis surtout taupier. Je sais que c'est un métier qui n'existe plus beaucoup à ton époque.

    Pourtant c'est un métier très utile car ce petit animal est un nuisible qui peut faire beaucoup de dégâts dans les campagnes. 

    J'en ai attrapé des centaines et des centaines de ces bestioles. J'étais plutôt adroit pour les attraper. Lorsque je travaillais pour un fermier, j'avais le droit de garder pour moi les taupes capturées. 

    Une fois rentré, je dépouillais l'animal, puis je fixais les peaux sur du bois pour les sécher.

    La fourrure de velours noir des taupes était très appréciée surtout pour en faire des manteaux.

    Je suis très fier d'être chasseur de taupe, je suis heureux d'être taupier.

    Tant que j'ai eu la santé, j'ai chassé ce petit animal. Et je l'ai eu pendant longtemps car je suis mort le 28 mai 1930. J'avais 86 ans.

    Marielle c'est bien dommage que tu vives en ville, j'aurais aimé te montrer de quelle façon je chassais les taupes. Mais, j'y pense il y a un stade tout près, il y a certainement une ou deux taupes.... 

    - Papa , n'oublie pas que Marielle doit écrire son billet. Elle n'a pas le temps d'aller à la chasse. Mais nous organiserons cela plus tard lors d'un de ses séjours à Pommerit-Jaudy (22). Il va falloir s'en aller et la laisser travailler.   

    Céline, me fait un clin d’œil, et me dit tout bas afin qu'Alexandre ne l'entende pas :

    "- Tu as compris pourquoi notre mère nous a demandé d'accompagner papa. Il est tellement passionné par son métier de taupier, qu'il en oublierait de revenir. Chasser les taupes, il n'y a que ça qui compte pour lui ! Merci pour ton accueil, et pour les ourlets, tu as bien raison de te simplifier la vie n'en déplaise à ma très chère soeur Anne Marie  !"

    Elle avait à peine prononcé ces mots que déjà je me retrouvais seule, seule devant un deuxième ourlet à faire !

    taupier    

       (Extrait recensement 1906 - Runan - AD22)

     

    *************************************

    Alexandre RAOUL et Marie Noëlle LE MOUHER sont les sosa 36 et 38 de Ronan (branche paternelle)

     

    Marielle BATHANY-LE GOFF

    pour me contacter : marielle.le-goff@wanadoo.fr

      

                 


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :