• V comme Voleur et assassin : François LANCIEN de Plougonver

    Avant de regagner sa place, Vincent LIRZIN tient à me présenter un homme qu’il dit être son beau-frère.

    L’homme en question a une petite trentaine d’années, une stature qui ne ferait pas rougir un joueur de rugby, une allure de soldat et surtout une répartie visiblement à toute épreuve.

    L’assemblée est calme, trop calme, les regards sont braqués sur l’homme qui se prépare à prendre la parole.

    « Bonjour Marielle !

    J’étais bien curieux de te connaître….faut dire que tu es une célébrité de l’autre côté.

    Nous avons ce point commun, être célèbre……………………..Enfin ! Je m’en serais bien passé quoique depuis que je connais ta passion pour l’histoire de ta famille, j'ai un peu changé d'avis….....Mais ce qui est fait est fait !

    Pas de retour en arrière possible ! Il faut donc assumer ici comme dans le monde des vivants.

    Cela ne m’ennuie pas de venir te parler car j’ai compris que tu ne te permettais jamais de juger nos actes.

    Tu ne peux pas comprendre une époque où tu n’as pas vécu.

    Mais tu peux enquêter, constater et surtout raconter, raconter sans juger.

    Tiens pour m’amuser, je vais imiter ton ami Sébastien !

    J’aime beaucoup son Challenge AZ.

    J’aime son idée de se contraindre à utiliser trois mots……donc moi je te propose Veuf, Vol et Vieux-Marché.

     Je suis né le 13 germinal de l’an XIII de la République, ou si tu préfères le 3 avril 1802 à Plougonver dans les Côtes d’Armor qui étaient en ces temps les Côtes du Nord.

    Mes parents étaient Guillaume LANCIEN et Jeanne MAGOAROU, mariés le 29 janvier 1799 à Plougonver.

    Mes parents auront trois garçons, deux survivront, mon frère Rolland et moi François !

    Le 15 septembre 1830, j’épouse Élisabeth Louise, la  fille de François LE LIRZIN et de Marie Louise CESSON. 

    Élisabeth est la sœur aînée de Vincent LE LIRZIN, c’est donc mon beau frère que vous avez entendu juste avant moi.

    Élisabeth me donnera une fille, que nous appellerons Marie Jeanne.

    Marie Jeanne naît le  3 septembre 1831 à Plougonver.

    Comme la famille de mon épouse, j'appartiens à la classe des gens de forêt.

    Je ne suis pas charbonnier, ni sabotier ou boisselier. Moi je suis scieur de long ! 

    Le 14 décembre 1834, à 26 ans, Élisabeth meurt à Loguivy-Plougras. Je suis veuf. 

    Heureusement Marie Louise CESSON, ma belle-mère est encore de ce monde et peut m’aider à élever ma petite Jeanne qui a 3 ans.

    Je dois maintenant t’avouer que je n’avais pas bonne réputation. Je suis même soupçonné de faire partie d’une bande de malfaiteurs.

    Mais j’ai été jugé pour avoir fait bien pire.....

    Le 26 mars 1836, lors de la Foire-Fleurie de Guingamp, j’ai servi d’interprète à un certain François JEGOU cultivateur demeurant dans la commune de Duault, afin qu’il puisse vendre pour 276 francs une jument à une personne habitant Belle-Isle. 

    Le 2 avril  suivant, François JEGOU accompagné de son fils Jean Louis sont allés à Belle-Isle remettre la jument à son nouveau propriétaire et se faire payer le montant convenu moins les 15 fr d’arrhes donnés le jour du marché.

    J’ai guetté les deux hommes sur le chemin du retour afin de, comme par hasard, les rejoindre et de faire la route avec eux.

    Étant à pied, j'ai proposé à Jean Louis de prendre un chemin détourné que je connaissais et qui nous ferait gagner du temps pendant que son père à cheval regagnerait sa demeure par la route.

    Bien entendu, je savais que l’argent de la vente se trouvait enveloppé dans un mouchoir dans la poche de Jean Louis.

    J’ai attendu le bon moment et me suis précipité sur lui, le frappant de toutes mes forces avec mon couteau. Puis j’ai saisi une pierre et lui ai fracassé le crâne. Avant de l’abandonner, j’ai mis la main sur la somme d’argent que je désirais.

    Je suis rentré chez moi dans un état second qui a été remarqué par plusieurs personnes.

    Je me suis changé et ai lavé du mieux que j’ai pu ma chemise tachée de sang. Les jours suivants, j’ai dépensé un peu d’argent. J’ai été arrêté le soir du 7 avril.

    Jean Louis JEGOU avait été trouvé baignant dans son sang  le soir même de mon crime. 

     Il a agonisé jusqu’au 11 avril,  sans reprendre connaissance, sans prononcer un mot.

    J’ai avoué le vol en demandant à mon beau frère d’aller récupérer l’argent que j’avais caché dans un bonnet sous la toiture d’un certain BRICON.

    J’ai été traduit en justice et condamné à la peine capitale pour assassinat suivi de vol d'argent le 12 août 1836.

    Le dimanche 27 novembre 1836, le rejet du pourvoi que j’avais formulé m’a été notifié.

    Le lendemain, lundi, escorté par une brigade de gendarmerie et un détachement de troupes de lignes, j’ai commencé le voyage vers Plouaret où je devais être exécuté.  

    Le mercredi suivant le 30 novembre, un peu avant 11 heures du matin, j’ai découvert l’échafaud.

    Il avait été monté sur la place du Vieux-Marché de Plouaret.

    Grâce au soutien de mon confesseur, j’ai franchi d’un pas ferme et assuré les marches de l’échafaud et me suis présenté devant l’exécuteur des hautes-œuvres.

    Cinq minutes plus tard, je n’étais plus ! 

    J’espère qu’un jour, Marielle,  tu trouveras le temps d’examiner de plus près les pièces de mon dossier aux archives.

    Au fait, avant que j’oublie, dis à Sébastien, que j’ai découvert son blog et son challenge AZ grâce à Hubert qui me visite régulièrement » 

    V comme Voleur et assassin : François LANCIEN de Plougonver

     

    *******************

    Elisabeth Louis LE LIRZIN épouse de François LANCIEN est la fille de François LE LIRZIN et Marie Louise CESSON sosa 320 et 321 de Ronan (côté paternel)

    J'ai découvert le destin de François LANCIEN grâce à sa fiche personnage indexée dans Corail-net du CG22. 

    Marielle BATHANY-LE GOFF


  • Commentaires

    1
    Sylvain MICHOT
    Lundi 2 Décembre 2019 à 15:46

    Bonjour,

    Avez-vous consulté la presse de l'époque pour trouver des détails sur l'affaire François LANCIEN de 1836 ?

    Excellente journée à vous.

    Cordialement

    Sylvain MICHOT 

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