• B comme Bigame : Yves AVET de Ploëzal

    « C'est moi le premier ! je me lance !

    J’avais hâte de te rencontrer Marielle, Je t’observe depuis des années et franchement je suis désespéré ! Désespéré par la direction que prennent tes recherches.....

    Bref, tu es désespérante  ! Quand te décideras-tu à m’accorder enfin ton attention ? »

    C’est qu’il n’a pas l’air content ce petit monsieur, il ne devait pas être des plus commodes sur terre.

    Vu comment il m’interpelle, il y a fort à parier que c’est un ancêtre. Vous allez voir que dans quelques minutes je vais me retrouver en plein procès, le mien qui plus est !

    A ma tête, le bonhomme réalise qu’il est allé un peu trop loin. A moins que ce ne soit à cause du regard assassin que vient de lui lancer ma mère. Elle n’est pas contente Maman Germaine, s’il ne se modère pas elle va te le calmer le bonhomme.

    Il ne sait pas ce qui l’attend, en général après le regard noir venait un coup de torchon lorsque j’avais fait ou dit une bêtise. Rien que pour m’avoir permis de revoir le regard noir de ma mère, j’irais bien l’embrasser ce bonhomme.

    Le torchon n’a pas fait son apparition, le message muet de l’animatrice est clair pour lui et c’est tout radouci qu’il reprend à nouveau la parole pour s’adresser à moi.

    « Pardon Marielle, je me suis emporté comme le vieil imbécile que je suis. Je suis là aujourd’hui pour te donner une piste et ainsi je l’espère t’aider dans tes recherches.

    De la branche des AVE, je suis le plus vieil ancêtre et j’en suis fier !

    Je suis Yves AVET et je porte le numéro sosa 1416, je me situe à la 11ème génération dans l’arbre de Ronan.

    Je suis né aux alentours de l’année 1681, pendant le règne du roi Louis XIV. En 2019, vous connaissez Louis XIV à travers son magnifique château de Versailles, mais moi, de lui, j’ai retenu les Dragonnades que les pauvres protestants de France vont découvrir avec horreur.

    Au fin fond de notre Bretagne, nous ne sommes pas concernés, les bretons sont de bons et fervents catholiques. Faut dire que nous n’avions pas d’autre choix. L’Église rythme notre vie et Messire le curé veille au moindre écart. Nous devons rester dans le droit chemin afin de gagner la vie éternelle.

    Et le droit chemin, c’est de ne pas forniquer en dehors des liens sacrés du mariage. J’ai déjà trente ans et le curé de me lâche pas, il sait que je cours "plusieurs lièvres à la fois". Et ce n’est pas difficile de savoir de quelle façon il est au courant. Il se sert des confessions de ces paroissiennes pour faire pression. Il n’a pas tout à fait tort il serait grand temps que je pense à fonder une famille.

    Je me décide donc à épouser Françoise, une bien jolie fille de vingt-trois ans mais dotée d'un sacré caractère que je vais découvrir au fil des années. Comme beaucoup de maris je pense !

    Et nous aurons neuf enfants.

    -       -  Non Yves, vous en avez eu cinq, Je ne résiste pas à le corriger,  je m’en souviens très bien.

    -       - Je t’assure Marielle que c’est bien neuf mais tu n’en as trouvé que cinq ! Tu as découvert mon identité et celle de mon épouse Françoise LE CAROU  grâce à l’acte de mariage de notre fils Jean qui épousa Jeanne LE CAMPION à Pommerit-Jaudy le 20 octobre 1739. Rappelle toi Marielle, la base de données Corail-net t’a listé les enfants nés de notre union mais pas la date de celle-ci. A ma grande joie tu t’es obstinée, et tu as découvert le mariage d’un Yves AVET et d’une Françoise LE GAL ainsi que quatre de leurs enfants. Tu as alors pensé à une autre union pour moi mais cette hypothèse ne coïncidait pas avec la liste des naissances des deux couples qui s’intercalaient. Et oui elles s’intercalaient si bien qu’une autre hypothèse était envisageable ……Mais toi tu t’es simplement demandé si je n’étais pas bigame ???? Bigame, franchement on aura tout entendu ! Pas facile à mener comme vie avec un curé qui s’occupe de tout et surtout de ce qui se passe sous les draps de ses paroissiens. Non Marielle, je ne suis pas bigame et je ne l'ai jamais été !

    Pourtant la solution sautait aux yeux, les deux Françoise n’en faisaient qu’une, il y avait une erreur sur le nom de famille !

    Bon tu as évoqué l’idée je te l’accorde mais tu l’as balayé trop vite. Un curé peut faire une erreur de nom sur un acte mais pas la répéter sur plusieurs systématiquement. C'était ton raisonnement ! 

    Si tu avais poursuivi tes recherches, tu aurais découvert un autre mariage. Celui de mon fils Yves en 1755 avec Marie LE CHEVER. Il y est précisé qu’il est le fils mineur de défunt Yves, moi en l’occurrence et de Françoise LE CAROU dite LE GAL. Il était dans cet acte l'indice que tu cherchais.

    J’ai épousé Françoise LE GAL à Ploëzal le 26 novembre 1711. Elle était la fille naturelle d’Anne LE GAL. Nous aurons neuf enfants de 1714 à 1731, cinq garçons et quatre filles.

    Je vais mourir en 1742 à 61 ans et ma Françoise me survivra jusqu'en 1760. Elle avait 79 ans.

    Tu te demandes pourquoi ces deux noms ? Les hypothèses ne manquent pas mais je vais te laisser chercher et je t'assure que je ne serai pas loin, un jour nous en reparlerons.»

    Tan Ni, la gardienne du temps vient de faire signe que le temps est terminé.

     Je viens de prendre une sacrée leçon.

     Yves AVET a eu raison de m’interpeller ainsi. Il faut toujours vérifier les actes originaux quand c’est  possible et ne pas négliger les documents concernant les collatéraux.    

    B comme Bigame : Yves AVET de Ploëzal

     

    Acte de mariage de Yves AVE et Marie LE CHEVER 1755 à Ploëzal   

     

    **************

    Yves AVET et Françoise LE CAROU dite LE GAL sont les sosa 1416 et 1417 de Ronan (Côté paternel)

     

    Marielle BATHANY-LE GOFF


  • Commentaires

    1
    Jean Marc Hidier
    Dimanche 3 Novembre 2019 à 09:26
    Excellent. Fort bien rédigé tant sur la forme que sur le fond.
    2
    Dimanche 3 Novembre 2019 à 10:39

    Étonnant cette présence du patronyme AVET en Bretagne, je ne le connaissais jusque là qu'en Haute-Savoie.

    3
    Mimi ex sécu
    Dimanche 3 Novembre 2019 à 16:10

    Trop bien !

    Comme quoi, il ne faut pas se contenter des dates trouvées au fil de l'eau.... mais les confirmer par des actes et surtout bien les décrypter et les interpréter ! cool

    4
    FEMENIA Marie-Isabel
    Dimanche 3 Novembre 2019 à 23:04

    Très bel article

    5
    Falbala28
    Lundi 4 Novembre 2019 à 18:51

    Belle prose Marielle, récit prenant à lire. Mais comme le dit MiMi ex Secu ne pas s’arrêter à la première impression (Hervé aurait pu le dire)

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