• D comme Décrétée de justice : Marie AVÉ de Pommerit-Jaudy

    Une femme d’une quarantaine d’années, encouragée par Yves AVET, notre premier intervenant vient de se lever et s’apprête à nous raconter son histoire.Yves AVET la couve des yeux, en y regardant de plus près je découvre entre ces deux là, une certaine ressemblance physique.

    « Bonjour, je m’appelle Marie AVÉ, je suis la petite-fille d’Yves AVET que nous avons entendu tout à l’heure.

    Je suis la fille de son fils Jean et de Jeanne LE CAMPION.  Je suis la grande sœur de Jean Marie qui deviendra le sosa 354 de Ronan. Je me situe donc à la 11ème génération de l’arbre familial.

    Mes parents se sont mariés le 20 octobre 1739 à Pommerit-Jaudy.

    Un premier enfant est né l’année suivante, une petite Magdelaine.

    Hélas, je n’ai pas eu le temps de connaître cette grande sœur, j’avais six mois lorsqu'elle est morte.

    Je suis devenue moi aussi une grande sœur et j’ai vu arriver au fil des années sept frères et sœurs.

    J’en ai vu cinq disparaître, certains ont fait un passage très bref dans notre famille.

    Maman et Papa étaient bien tristes mais ils se réconfortaient en se disant qu’au moins avant de trépasser, mes frères et soeurs étaient baptisés.

    Monsieur le curé m’avait expliqué que grâce au baptême les bébés et les jeunes enfants allaient rejoindre les chérubins qui peuplaient le Paradis.

    Sur neuf enfants, seulement trois ont atteint l’âge adulte, moi, ma sœur Michelle née en 1749 et mon frère Jean Marie le petit dernier né en 1753.

    Malgré les deuils qui nous frappaient régulièrement, mais à cette époque c’était le lot de beaucoup, j’ai le souvenir d’une enfance heureuse.

    Nous habitions Pommerit-Jaudy, mes parents étaient laboureurs.

    Nous étions une famille soudée et nous fréquentions énormément mes oncles, tantes et cousins tant paternels et maternels.

    En 1759, nous renouons avec le deuil, j’ai 17 ans et je viens de perdre mon père, il n’avait que 45 ans.

    Maman reste avec trois enfants, moi, Michelle qui n’a pas encore 10 ans et Jean Marie qui en a 5.    

    Maman se remariera en 1763 avec Rolland GUERLESQUIN, mon parâtre est de 13 ans plus jeune qu’elle.  

    C’est en 1765, qu’un projet de mariage me concernant va occuper toute la famille.

     J’ai rencontré mon futur mari dans l’entourage de mon oncle Yves AVÉ. Mon fiancé est tisserand et a souvent affaire à mon oncle qui est cardeur de laine.

    Sauf que pour me marier, je dois avoir l’autorisation de 12 membres de ma famille car je suis orpheline de père et je n’ai que 23 ans, je suis donc mineure.

    Le samedi 21 septembre 1765, je me présente devant Monsieur le Sénéchal de la Juridiction de Rocumelen assistée de Maître François Marie LE ROUX et de ma mère Jeanne LE CAMPION afin que Monsieur le Sénéchal décrète mon mariage et me permette de le faire « solenniser en face de l’église notre sainte mère suivant les saints canons et constitutions d’icelle, arrêtés et règlements de la cour »  

    Les 12 membres de ma famille ont prié Maître François Marie LE ROUX de remettre leur consentement au greffe de la juridiction et je les en remercie encore aujourd’hui.

    Il s’agit de :

    -          Yves AVEZ, mon oncle paternel de Ploëzal

    -          Pierre et Jean AVEZ, mes cousins de Tréguier

    -          Charles BODEVIN, un cousin du côté paternel  

    -          Jean PIERRE, l’époux de Jeanne BIDAMENT une cousine de mon père de Pouldouran

    -           Vincent COQUART, un cousin de mon père de Ploëzal

    -          Jean  LE CAMPION, mon oncle de Trévazan paroisse de Prat, côté maternel

    -          Jean LE CAMPION, mon cousin germain, fils du précédent de Trévazan paroisse de Prat

    -          Jean OLLIVIER, un cousin germain du coté maternel  de Trévazan paroisse de Prat   

    -          Louis OLLIVIER, mon oncle époux de Louise LE CAMPION, ma tante de Trézény

    -          François GUILLOU, mon oncle époux de Marie LE CAMPION de Pommerit-Jaudy

    -          Claude LE CAMPION, mon oncle de Quimperven

    Le 21 septembre 1765, je suis décrétée de justice et je peux épouser mon promis.

    Mais quand même, quel parcours du combattant pour se marier lorsque tu n’es pas majeure !

    J’ai appris depuis que le décret de mariage est une institution propre à la Bretagne.

    -  Je suis désolée Marie, il me semble important de lui répondre, pour ton parcours du combattant mais aujourd’hui tu viens de me faire un cadeau inestimable. Ton décret de mariage existe dans les archives et c’est une mine d’or qui va me permettre de faire progresser mes recherches sur ta famille.»

    Un magnifique sourire apparaît sur le visage de Marie, son grand-père Yves près d’elle essuie furtivement une larme.    

     « Merci, Marielle, je n’avais pas pensé à cela, je comprends le pourquoi de ma présence ici maintenant et surtout pourquoi mon aïeul Yves insistait autant pour que je vienne. Je vais finir mon histoire personnelle en quelques mots car je te laisse le soin de creuser sur le devenir de ma descendance.

    Donc Le 15 octobre 1765 à Ploëzal, j’épouse Guillaume, le fils de Bertrand LE DRET et de Sébastienne LE BREHUS.

    Nous aurons cinq enfants et nous demeurerons à Pontrieux.

    Hélas mon mariage ne va durer que 14 ans. Je meurs à Pontrieux  le 3 novembre 1779, j’ai 36 ans. »

    Marie me lance un clin d’œil et à la surprise de tous et surtout du premier intéressé se penche vers son grand-père pour l’embrasser.

     Je ne résiste pas, je me lève et l’applaudis, bientôt imitée par toute l'assemblée.

    D comme Décrétée de justice : Marie AVÉ de Pommerit-Jaudy

    ************************************

    Les familles AVÉ, LE DRET et LE CAMPION se situent dans l'arbre de Ronan du côté paternel.  

    J'ai découvert le décret de mariage de Marie AVÉ sur les bases de données du Cercle Généalogique des Côtes d'Armor. Il a été relevé par Jean-Yves LAIGRE. Je le remercie d'avoir partagé cette transcription qui me permet aujourd'hui d'écrire ce billet.   

    Marielle BATHANY - LE GOFF

     


  • Commentaires

    1
    Mardi 5 Novembre 2019 à 23:44

    A la lettre D, j'adore toujours autant cette mise en scène ancestrale. Je sens que vous allez m'emmener jusqu'au Z à ce rythme-là. Bravo!

    2
    Mimi ex sécu
    Mercredi 6 Novembre 2019 à 10:30

    Un plaisir de te lire chaque jour ! Bravo

     

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :