• Lundi matin, il va être l’heure d’aller prendre mon bus pour Versailles (78). C’est jour de rentrée scolaire, afin de voyager tranquillement, je compte prendre le bus plus tôt que la semaine dernière.

    J’aperçois déjà une petite courageuse qui attend patiemment sous l’abribus. De loin, je la crois en uniforme, j’en déduis qu’elle doit certainement être élève dans une des écoles privées des alentours. Elle me paraît d’ailleurs bien jeune pour voyager seule, sans être accompagnée.

    « -Enfin ! Te voilà Marielle, je t’attends depuis longtemps. Je me demandais si j’étais au bon endroit. Tu es surprise de me voir non ? Les poings sur les hanches, pas timide pour deux sous, cette gamine me parle  comme si nous avions le même âge. Elle me plaît déjà cette petite bonne femme !

    - En effet, tu me parais bien jeune pour avoir eu l’autorisation de faire un tel voyage jusqu’à moi.

    - J’ai 6 ans, je suis une grande fille, n’oublie pas qu’à mon époque, les enfants un peu plus âgés que moi sont employés à garder les troupeaux de vaches.

    - Tu marques un point jeune fille ! Je suis bien curieuse de connaître ton identité.

    - Je m’appelle Marie Jeanne GOURIOU. Je suis née le 28 juin 1805 à Pommerit-Jaudy. Je suis la dernière enfant de Raoul GOURIOU et Marie Yvonne LE CLECH. Mes parents étaient cultivateurs. Nous étions sept enfants, trois garçons et  quatre filles.

    Ma maman est morte le 4 août 1806 à Pommerit-Jaudy.

    J’étais alors un bébé d’un an, ma plus grande sœur avait 12 ans.

    Je pense que les tantes de la famille ont été mises à contribution pour nous élever car mon père n’a pas décidé de se remarier. Alors qu’il était courant qu’un veuf se remarie assez rapidement après la perte de son épouse surtout en présence d’enfants en bas âge.

    Il ne m’a pas imposé de belle-mère, par contre, tenant à me faire bénéficier d’une bonne éducation, il m’a confiée à un ecclésiastique.

    Un ecclésiastique qu’il connaissait bien, son beau-frère, le frère aîné de Maman. Je suis donc allée vivre à  Plouha (22) chez mon oncle, Pierre François LE CLECH, qui était curé.

    Je n’y suis pas restée bien longtemps, le 1er février 1812, je vais rejoindre le patron de Tonton et surtout ma maman. J’ai 6 ans.

    Tonton Pierre n’a pas eu l’occasion de faire de moi une érudite ou une future religieuse.

    Mais je pense qu’il est à l’origine de la vocation religieuse de mon frère Jean Marie et peut-être aussi d’une de mes cousines.

    Tu vois Marielle, tu as encore des découvertes à faire. Bon je vais te laisser maintenant car maman m’attend »

    La petite fille espiègle m’a lancé un dernier clin d’œil puis a profité d’un tourbillon de feuilles mortes pour disparaître.

    Je monte dans le bus, et ne peux m’empêcher de sourire en pensant que le fameux Tonton ecclésiastique aurait certainement eu bien du mal à transformer cette petite Marie Jeanne en religieuse.

    Tellement amusée par cette pensée, je viens de réaliser que j’ai oublié de saluer le chauffeur de bus comme chaque matin. 

    dc

    *************** 

    Marie Jeanne GOURIOU est la fille de Raoul GOURIOU et Marie Yvonne LE CLECH (sosa 306 et 307 de Ronan - branche paternelle) .

     

    Marielle BATHANY- LE GOFF

    Pour me contacter marielle.le-goff@wanadoo.fr

     


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  • Il est déjà plus de 18 h 30, j’ai tout juste le temps de récupérer un paquet avant la fermeture de la petite librairie qui sert de point relais. Afin de gagner du temps, je vais prendre un raccourci et couper par l’église.

    Pas grand monde aux abords de l’édifice religieux, il est vrai qu’une construction moderne n’attire pas beaucoup les visiteurs. Rien à voir avec nos jolies églises bretonnes.

    Pourtant ce soir, l’église de Saint-Cyr-l’Ecole (78) compte un admirateur. Un prêtre, en soutane, vient d’achever le tour extérieur du bâtiment. Je ne vais pas tarder à le croiser.

    Je m’apprête à le saluer mais il est plus rapide que moi :

    « - Bonsoir Marielle !

    Je pense tout d'abord n'avoir pas bien compris ......mais finalement non... 

    - Désolé de te surprendre ainsi mais je dois t’avouer que la proximité de la maison de notre Seigneur me donne le courage qui me manquait jusqu’à présent pour t’aborder.

    - Du courage ? Pour me parler ? C’est surprenant de la part d’un homme d’église et  d’un membre de l’arbre de Ronan.

    - Tu vas vite comprendre Marielle, je suis Jean Louis MENEZ. Je suis né à Guiclan (29) le 25 mai 1899.  Mes parents sont Jean Marie MENEZ et Marie Anne CARDINAL. Je suis le frère de..

    - le frère de Francine, je viens de faire le lien, la fameuse cousine qui a accouché à Plouëc (22) en 1925 chez Anne Marie Gouriou, la mère de notre Mémé Thérèse.

    - Oui Marielle, c’est bien cela, Anne Marie Gouriou est notre cousine, la fille de Marie Guillemette Philomène MENEZ, la demi-sœur de Jean Marie MENEZ, notre père.

    La situation de future fille-mère de Francine a bien contrarié notre mère. Notre père étant décédé en 1909, Maman se retrouvait seule à gérer en parallèle la situation délicate de Francine et mon ordination de prêtre.

    Sans compter que je venais en plus de lui annoncer ma décision de quitter la France en tant que missionnaire.

    Ma décision ne l’a pas trop surprise, en effet depuis 1894, existait à St Jacques en Guiclan (29) un Grand Séminaire voué à l’apostolat en Haïti. Devenir père de St-Jacques était ma voie.  

    Ma mère a certainement pris la décision d’éloigner Francine afin que sa situation ne porte pas préjudice à mon carrière d’ecclésiastique.

    Cela peut te paraître ridicule aujourd’hui mais en 1925 on ne plaisantait pas avec la réputation d’une famille, le fameux « qu’en-dira-t-on » régissait la vie de la plupart d’entre-nous.

    - Ta nièce Perrine Anne Marie est née le 30 août 1925, un peu plus d’un mois après Thérèse, la fille d’Anne Marie GOURIOU. Thérèse m’a souvent parlé de cette petite cousine née chez elle. Elle s’est souvent demandé ce qu’elle avait pu devenir. J’ai bien trouvé l’acte de naissance à la mairie de Plouëc (22) mais l’absence de mention marginale et l'impossibilité d’accéder à des archives en ligne ont bloqué mes recherches.

    - Te révéler le destin de ma nièce c’est la raison principale de notre rencontre.

    Hélas, je n’ai pas une bonne nouvelle à t’annoncer. Cette enfant n'a survécu qu'un mois et demi, elle est décédée le 15 octobre 1925 à Guiclan (29) au domicile de sa mère Francine. Je n'ai jamais eu l'occasion de la connaître.

    Son acte de décès, tu vas enfin pouvoir le consulter. Guiclan est une des communes qui viennent d’être mises en ligne sur le site des Archives du Finistère.

    Une dernière précision, cette petite nous l’appelions Denise. C’est sous ce prénom et non celui de Perrine Anne Marie que l’acte de décès a été rédigé.

    Marielle, je te confie le soin de rapporter tout ceci à Thérèse, l’arrière-grand-mère de Ronan.

    Denise et Thérèse auraient aujourd’hui le même âge, 93 ans.

    Et je t’encourage à poursuivre tes recherches sur la famille MENEZ-CARDINAL"

    Sur ces derniers mots, je l’ai vu me bénir et s’en retourner vers l’entrée de l’église de Saint-Cyr (78).

    Et moi, j’ai complètement oublié d’aller récupérer mon paquet.

    Je me suis précipitée à la maison, la consultation de l’état civil de Guiclan ne pouvait plus attendre.

    dc Denise

    (Acte de décès de Denise MENEZ-Guiclan)

    *****************

    Jean Louis et Francine MENEZ sont les neveux et nièces de Marie Guillemette Philomène Menez épouse GOURIOU  (sosa 47 de Ronan – branche paternelle).

    Ils sont les cousins d’Anne Marie GOURIOU épouse AVE (sosa 23 de Ronan – branche paternelle).

    Thérèse AVE épouse LIRZIN est la Mémé de Ronan (sosa 11 – branche paternelle)

     

    Marielle BATHANY-LE GOFF

    Pour me contacter : marielle.le-goff@wanadoo.fr   


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  • « Je te dis qu’il faut cliquer sur l’Hérédis, je l’ai vu faire des centaines de fois, je connais même mon numéro c’est le 35 et ceux de nos parents 70 et 71. Il paraît que c’est mathématique, faut multiplier par 2 et ajouter +1. 

    - Bon... peut-être, pas la peine de faire ta madame je sais tout Marie ! Et moi mon numéro c’est lequel ?

    - Mais ce n’est pas possible, je n’arrête pas de t’expliquer, tu n’as pas de numéro Guillaume !  Tu n’es pas le sosa de Ronan.

    - Mais moi aussi je suis dans son arbre et je suis ton frère, je suis bien le sosa de quelqu’un. Laisse-moi attraper le mulot je vais le gigoter, il ne va pas me résister longtemps  ….

    -C’est une souris et il faut cliquer ….."

    Ça fait bien une dizaine de minutes que j’entends deux voix se chamailler. Étant seule à la maison, je pense que je viens de faire sans m’en rendre compte une mauvaise manipulation avec ma tablette et cela a eu pour conséquence d’activer le boîtier chromecast et donc d’allumer le téléviseur. Cela est déjà arrivé à Ronan à plusieurs reprises.

    Mais non, vérification faite, la télé n’y est pour rien et la chamaille continue. 

    En passant d'une pièce à l'autre, je viens de découvrir deux visiteurs, installés devant mon micro-portable, tentant désespérément de lancer Hérédis. Vu l’accoutrement du couple, je devine aisément pour quelle raison ils me rendent visite. 

    "-Bonjour, besoin d’aide il me semble…et pas que pour l'informatique...... pour dire bonjour aussi non ? Pendant que je lance Hérédis vous pourriez en profiter pour vous présenter."

    Mes paroles ont fait mouche, embarrassés comme deux enfants qui viennent de se faire réprimander, mes deux visiteurs abandonnent la souris et me libèrent la place devant le clavier. C'est la jeune femme qui prend la parole : 

    "- Je suis Marie Camus, le sosa 35 de Ronan, je te présente Guillaume mon frère aîné. Nous sommes deux des seize enfants de Pierre Marie CAMUS et Anne HAMON.

    Nos parents se sont mariés le 14 novembre 1807 à Pleudaniel, puis se sont installés comme agriculteurs à Ploézal (22).

    L’année dernière lors d’un rendez-vous ancestral avec mon mari Jean Marie LE BERRE, il t'a dévoilé le lien de parenté qui existait entre ses deux épouses, c'est-à-dire moi et ma nièce Marie, la fille de Guillaume qui m’accompagne aujourd’hui. Et bien nous aussi du coté CAMUS, nous avons une parenté à te dévoiler, une parenté qui te touche directement.

    Enfin pour faire simple, Jean Michel ton mari est le cousin de Nadia ta cousine. Ronan est donc doublement cousin avec Florian, son fils.

    Nous n’arrivons pas à comprendre pour quelle raison tu n’as pas déjà découvert ce lien.

    Si tu te souviens bien Maria JEGOU, la grand-mère de Nadia ne manquait jamais de te demander des nouvelles de Louis LE GOFF, le grand-père de Jean Michel . Elle se souvenait que petite fille ,elle accompagnait souvent ses parents chez ceux de Louis. Ses souvenirs devaient te mettre la puce à l'oreille, mais toi tu as cherché à peine cinq minutes et en plus pas sur la bonne branche.      

    - Oui je l'avoue j'ai cherché un éventuel lien du coté du sosa 19 de Ronan, du côté de Maria Prigent. Mais votre venue aujourd’hui me fait comprendre mon erreur, il fallait que je cherche du coté de Marie LE BERRE qui est le sosa 17 de Ronan. j'ai été bien superficielle sur cette recherche.... 

    - En effet, nos parents Pierre Marie CAMUS et Marie HAMON étaient les arrière-grands-parents de Louis mais ils étaient également les arrière-arrière-grands-parents de Maria. Nous allons maintenant te laisser car tu as fort à faire.

    - Marielle, avant de te quitter j'ai une question. Guillaume qui jusqu'à maintenant n'a pas dit un mot mais a beaucoup écouté intervient. Je souhaite connaître mon numéro sosa, même si Marie n'arrête pas de me répéter que je ne suis pas le sosa de Ronan.

    - Guillaume tu es le sosa 110 de Florian, et voila que le Guillaume, les larmes au yeux, me tombe dans les bras. Sa soeur Marie surprise, est attendrie par la réaction de son grand frère.   

    -Merci Marielle, je suis heureux, tellement heureux d'être moi aussi un sosa.

    Mes visiteurs m'embrassent une dernière fois et main dans la main repartent comme ils sont venus.  

     

    LE COUSINAGE COTE PATERNEL DE RONAN 

    arbre cote Jean Michel

     

    LE COUSINAGE COTE MATERNEL DE RONAN 

    COTE MARIELLE

    *************************

    Marie CAMUS est le sosa 35 de Ronan et Louis LE GOFF son sosa 8 (coté paternel).

     

    Marielle BATHANY-LE GOFF

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  • DOCUMENTAIRE

    (Image du Documentaire "femmes au bagne, les oubliées de l'histoire", les femmes reléguées)

     

    Tenter de faire le ménage télévision allumée n’est vraiment pas pour moi !

    Ça fait déjà près d’une heure que chiffon à la main je me suis laissée tomber sur le canapé, happée par un documentaire sur la Guyane, son bagne et l’affaire Seznec.

    "- C’est pas possible ! Encore lui ! Le Seznec ! A croire qu’il n’y avait que lui au bagne en Guyane ! "

    Je ne suis plus seule à la maison.  Une femme au regard bleu azur dont je perçois déjà le sacré tempérament, vient de se matérialiser à mes côtés.

    Je ne peux me retenir de lui rétorquer :

    - Parce que toi tu en connais d'autres ?

    - Oh que oui ! Tous dans le même enfer, bagnards et bagnardes, mais celle que j’ai bien connue ma petite, est devant toi : c’est moi !  Je vais te raconter mon histoire.

    Je m’appelle Marie Louise TASSEL. Je suis née le 13 mai 1839 à Bégard (22) de Catherine TASSEL et de père inconnu.

    J’ai 24 ans lorsque j’épouse François LE MOUHAER, il est originaire de Pommerit-Jaudy, il est âgé de 31 ans et est laboureur.

    Nous nous marions à Bégard le 13 août 1863. Ma mère est si heureuse de me savoir mariée. Voir sa fille échapper à la condition de fille-mère est une grande satisfaction pour elle.  

    Nous nous installons à Bégard, je suis fileuse et François toujours laboureur.

    Nous aurons 4 enfants :

    • Yves Marie (1863)
    • Jeanne Yvonne (1870)
    • François (1873)
    • Jeanne Marie (1876)

     

    Notre vie est difficile. Comme beaucoup nous souffrons de pauvreté. Un jour je vais basculer, je vais voler et pas qu’une fois hélas !

    En 1888, les juges ne plaisantaient pas avec les récidivistes. Je suis condamnée par la Cour d’Appel de Rennes le 15 février 1888 à une peine de 3 mois et un jour de prison et à la relégation pour vol.

    Je n'ai pas compris lors de la sentence cette histoire de relégation , je ne connaissais même pas ce mot.  

    C'est avec stupeur que j'ai compris ce qui m'attendait. « La relégation des récidivistes », cette loi de 1885, je l’ai découverte à mes dépens.

    A mon grand désespoir, j’embarque à Saint Nazaire le 25 novembre 1888 pour la Guyane Française.

    Je sais que je ne reviendrai jamais. J’ai 49 ans, je quitte mon pays, mon mari et mes enfants pour toujours. Heureusement ma pauvre mère n’est plus là pour voir cela.

    Le 17 décembre 1888, j’arrive enfin au Maroni en Guyane, j’arrive en enfer.

    Un enfer gardé par des religieuses, les sœurs de l’œuvre de Saint Joseph de Cluny.

    J’en ai versé des larmes, j’ai tellement prié Dieu qu’au bout de 2 ans et demi, il m’a délivré et m’a enfin rappelé à lui. Une épidémie de « fièvre bilieuse » m’a certainement terrassée comme 19 autres de mes camarades d’infortune.

    Je suis délivrée le 20 juillet 1891. J’ai 52 ans.

    Voilà mon histoire, Marielle, l’histoire de Marie Louise TASSEL, la bagnarde.

    Tu sais, je n'étais pas plus mauvaise qu'une autre. J'aimais ma famille , mes enfants et mon époux comme beaucoup de pauvres femmes rencontrées dans cet enfer.

    Je te laisse maintenant écrire mon histoire en espérant que ceux qui te liront auront une pensée émue en découvrant nos existences de reléguées. 

    dossier bagne

     

    ***********************

    François LE MOUHAER l'époux de Marie Louise TASSEL est le petit fils de Laurent LE MOUHAER et de Marie Jeanne LEROUX, sosa 150 et 151 de Ronan. (Branche paternelle de Ronan) 

    J'ai découvert l'existence de cette loi sur la relégation des femmes récidivistes grâce aux fiches personnages du Centre Généalogique des Côtes d'Armor.

    fiche

    Pour en savoir plus : 

      La relégation des femmes récidivistes en Guyane française (1887-1907)

     

    Marielle BATHANY-LE GOFF

    Pour me contacter : marielle.le-goff@wanadoo.fr  


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  • carte

    1- 2  vine à droite

    3 - 4  vine à gauche avec ¼ de tour

    5 - 6 Rock step avant

    Concentrée, je compte mes pas.....Nous sommes douze, ce jeudi soir, à nous entraîner sur cinq chorégraphies.

     Cinq chorégraphies pour débutant voire ultra débutant que depuis début septembre, Thierry, notre professeur de danse country, semaine après semaine, tente de nous faire apprendre par cœur.

    Et ce soir, impossible de me concentrer, j’ai la désagréable sensation d’être observée. D’ailleurs ce n’est pas une sensation, on m’observe bien !

    A l’occasion du troisième mur, je viens de découvrir une petite jeune femme, vêtue dans le style "amish" ou plutôt à la mode de mon arrière-grand-mère. Son regard est rivé sur moi, elle me sourit.  J’ai le sentiment de la connaître et pourtant j’en suis certaine, c’est bien la première fois que je la vois.

    La musique s’achève sur nos derniers pas de danse. Le cours est terminé. Le temps de dire au revoir, je me dirige vers la sortie. Mon observatrice m’y attend déjà, bien décidée à m’accompagner jusqu’à la gare. Je viens de réaliser qu’elle n’est visible que par moi.

    - Bonsoir Marielle ! Je suis bien heureuse de faire enfin ta connaissance. J’attendais notre rencontre avec beaucoup d’impatience. Moi aussi j’aime danser mais je n’en ai pas eu beaucoup l’occasion hélas ! Au fait sais- tu qui je suis ? Et surtout pourquoi je suis là ?

    - Pourquoi ? Je suppose que le Challenge AZ n'y est pas pour rien... Qui ? Précisément..... non.... mais ton sourire me rappelle celui de mon père....

    - Tu as vu juste pour le Challenge AZ, ce challenge est devenu un événement incontournable pour nous tous qui vivons dans l’arbre familial de Ronan. Nous avons tellement peur que tu déclares forfait que nous sommes plus de 26 à nous être portés volontaires pour te motiver et surtout te raconter nos histoires. Et tu as bien deviné, je suis une des grands-tantes de François LE GOFF, ton père.

    Comme tu le sais, mes parents étaient François Marie LE GOFF et Marie Yvonne LE DU. Ils se sont mariés le 22 janvier 1862 à Plouëc (22), ils étaient cultivateurs dans cette même commune.

    Sur cinq enfants nés de leur union, seulement trois ont survécu. François, mon frère aîné né en 1863, qui deviendra ton arrière-grand-père, ma grande sœur Jeanne Marie née en 1865 et moi que mes parents ont aussi appelé officiellement Jeanne Marie mais usuellement Marie. Moi je suis née le 9 juillet 1868.  

    Je n’avais même pas deux ans lorsque mon père est décédé. Il avait 34 ans. Maman est restée seule avec trois enfants à élever. Heureusement que nous pouvions compter sur le soutien de sa sœur Marie Anne. Notre tante avait épousé Pierre Marie LE CAER. Je me souviens avoir vécu quelques années chez eux avec maman puis près de chez eux dans le quartier de Kerfouler à Plouëc. Comme beaucoup, dès que nous avons été en âge de travailler, vers dix douze ans, nous avons été placés dans les fermes aux alentours. 

    Quinze ans après notre père, nous avons perdu Maman. J’avais un peu plus de seize ans. Désormais, ma sœur et moi vivions ensemble dans le quartier de Kernizan, nous étions teilleuses de lin. Hélas, notre travail nous procurait tout juste de quoi vivre.

    Et puis je suis tombée amoureuse. Non loin d’une des fermes où j’étais employée, j’ai rencontré celui qui deviendra mon futur époux. Celui pour qui j’ai tout quitté.  Il s’appelait Louis LE JEAN , ses parents François LE JEAN et Marie Françoise LE CABEC exploitaient une ferme également à  Plouëc (22).

    Mon cher Louis ne rêvait que de partir gagner sa vie ailleurs. Il m’a proposé de le suivre à Guernesey  et j’ai dit oui.

    mar LE JEAN LE GOFF1893

    Le 3 avril 1893, j’ai épousé Louis à Notre Dame du Rosaire à Guernesey. Nous avons eu quatre enfants, une fille et 3 garçons :     

    • Albertine Maria en 1892
    • Adolphe Charles Yves Marie en 1895
    • Pierre Marie en 1897
    • François Joseph Marie en 1899

    Malheureusement je ne vais pas les voir grandir, je vais mourir à 31 ans, le 3 octobre 1899, sans avoir revu mon frère, ma soeur et mon village de Plouëc (22).

    Marielle, je tenais à te raconter ma vie, je sais que pendant longtemps tu as ignoré mon existence. Je n'ai pas laissé beaucoup de traces à Plouëc, juste un acte de naissance et quelques lignes dans les recensements.

    - Un acte de naissance que j'ai longtemps confondu avec celui de ta soeur, et j'en suis bien désolée Jeanne Marie, mais même papa ignorait ton existence. Pourtant il me parlait de son grand-père qui habitait à Coatascorn et qui venait visiter sa soeur Jeanne Marie qui habitait toujours Plouëc. Il ne s'est jamais douté qu'il y avait deux Jeanne Marie. S'il avait entendu raconter qu'une grand-tante s'était expatriée dans une île anglo-normande, il m'en aurait parlé. J'aurais tellement adoré lui révéler qu'il avait des cousins anglais.

    - Je ne veux plus être l'oubliée de la famille ! Marielle tu vas me promettre de raconter ma vie sur ton blog et ne t’inquiète pas d'autres vont me suivre et te donner des sujets pour les 26 billets que compte le Challenge AZ. Je te demande également de poursuivre les recherches sur la branche anglaise de notre famille.

    Que vouliez-vous que je fasse....j'ai promis....et la grand tante oubliée de papa après m'avoir longuement embrassée s'est évaporée dans les airs, visiblement heureuse de m'avoir arrachée cette promesse.

    Et moi je suis rentrée bien vite à la maison.....j'ai de quoi occuper toutes les soirées du mois de novembre.  

    *************

    Jeanne Marie LE GOFF épouse LE JEAN est la fille des sosas 48 et 49 de Ronan (côté maternel).

     Christine, l'épouse de Paul LE JEAN, un de mes cousins anglais m'a envoyé la photo de François Joseph Marie le dernier enfant de Jeanne Marie. 

    François Joseph LE JEAN

     

    Marielle BATHANY-LE GOFF 

    pour me contacter : marielle.le-goff@wanadoo.fr

      


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